À la naissance un bébé voit 30 fois moins bien qu’un adulte. Sa vision devient plus nette progressivement et se stabilise vers 6 ans. On estime que 14% des enfants présentent un trouble visuel avec comme impact un retard dans le développement psychomoteur et dans l’éveil. Difficile à leur jeune âge d’exprimer une difficulté visuelle. Heureusement, avec un peu d’attention certains signes et comportements peuvent nous mettre la puce à l’oreille. Quels sont-ils et quand faut-il s’en inquiéter ?
Les premiers signes repérables dès 2 mois
Selon les scientifiques, ce n’est qu’à partir de deux mois que le bébé arrive à distinguer les couleurs et déchiffrer les expressions. C’est également à cet âge-là que les premiers symptômes d’anomalies visuelles sont détectables. À deux mois, un bébé est normalement capable de reconnaître le sourire de ses parents et des personnes proches, et de réagir. Il est également capable de fixer son regard sur le monde environnant : ses jouets, les objets, la lumière, etc.
Un comportement contraire doit vous alerter et vous conduire à prendre rendez-vous au plus tôt avec un spécialiste. Une microphtalmie (petit œil), une cornée trouble ou opalescente, ou encore une pupille blanche sont visibles à deux mois et augurent une pathologie grave. Vous pouvez également constater une loucherie ou un mouvement saccadé des yeux également dénommé nystagmus. Aucune de ces anomalies de la vision n’est anodine. Elles nécessitent une consultation ophtalmologique en urgence.
Les différents types de troubles de la vue chez l’enfant
Découvertes tardivement, les anomalies de la vision entraînent une amblyopie dans la majorité des cas. Il est donc important de les connaître afin de réagir le plus rapidement possible devant leurs diverses symptomatologies. Hormis le strabisme qui nécessite une intervention chirurgicale, la plupart des troubles visuels se corrigent par le port de lunettes adaptées et un suivi régulier. Pour assurer un meilleur avenir oculaire à votre enfant, vous devez consulter à temps et systématiquement à 1 an, 3 ans et 5 ans.
L’hypermétropie
Ce défaut de la vue concerne la vision de près. Le sujet touché voit bien seulement de loin, mais par accommodation. Il est la conséquence d’un œil trop court qui reflète la lumière reçue non pas sur la rétine, mais en arrière. L’enfant fait alors des efforts d’accommodation qui fatiguent l’œil. Il peut notamment se plaindre de maux de tête fréquents. L’hypermétropie est physiologique chez le bébé quand elle est modérée. Elle disparaît avec la croissance du globe oculaire. Sévère, elle entraîne successivement un strabisme par excès de convergence puis une amblyopie.
La myopie
La myopie est tout le contraire de l’hypermétropie. La vision de loin est très mauvaise. En revanche, la vision de près est respectée. L’œil étant trop long, la lumière se forme en avant de la rétine. Habituellement héréditaire, elle apparaît dans la grande enfance et évolue avec l’âge. Dans quelques cas, elle est sans facteur héréditaire. C’est le cas de la myopie forte unilatérale et congénitale qui est responsable d’une amblyopie unilatérale.
Le strabisme
C’est une anomalie du mouvement de l’œil qui touche environ 4% des enfants. Physiquement, elle se manifeste par une loucherie. La maturation de la fonction visuelle de l’œil dévié s’arrête alors que la vision de l’autre œil se développe normalement. Elle peut être présente à la naissance ou non. À deux mois déjà, il est possible de la dépister.
C’est une pathologie plutôt grave qui si elle persiste plus de cinq mois et doit être rapidement prise en charge pour que l’enfant retrouve une bonne vision. Il peut simplement s’agir d’un défaut de coordination des muscles de l’œil dû à l’âge. Mais lorsque c’est avéré, le risque de perdre complètement la vision de l’œil malade est très élevé quand le traitement est tardif.
L’astigmatisme
Avec ce trouble, l’enfant a une vision déformée. Il confond très souvent les lettres qui se ressemblent comme le D et le O, ou le H et le M. C’est une anomalie de la courbure de la cornée.
L’amblyopie
L’amblyopie correspond à un mauvais développement de l’un des deux yeux. On la définit par une faible acuité visuelle qui n’est pas améliorée par une correction optique. Elle résulte souvent de l’évolution chronique de l’un des précédents troubles visuels. Comme dans le strabisme, l’œil normal travaille davantage pour compenser la faiblesse de l’œil malade. Les enfants qui souffrent d’amblyopie ont généralement un port de tête inhabituel. Avant l’âge de 12 mois voire 2 ans, une rééducation de l’œil amblyope permet de récupérer la vision. Au-delà, il s’agit d’une tâche difficile, voire impossible.
Les signes qui doivent vous alerter
S’il est difficile pour les tout-petits d’exprimer une difficulté visuelle, ça l’est davantage pour les nourrissons. Les symptômes oculaires suivants doivent donc vous alerter : yeux rouges, qui piquent, qui grattent ou qui larmoient sans cesse. Si votre enfant cligne fréquemment des yeux, a le regard toujours fixe ou est incapable de suivre du regard les mouvements, il présente très probablement un trouble de la vue. S’il a du mal à garder les yeux ouverts en présence d’une lumière trop forte également.
Entre l’âge préscolaire et l’âge scolaire, les signes sont plus flagrants. L’enfant se cogne facilement, car sa faible vision l’empêche de bien s’orienter. Il ne regarde que d’un même côté, plisse ou se frotte beaucoup les yeux. Pour lire ou faire ses exercices, il colle presque son visage dans le cahier. Il en est de même quand il regarde la télévision. Il se plaint également souvent de céphalées. Ces difficultés d’accommodation font qu’il est soit très sage et isolé dans son coin ou au contraire très agité. Ses performances scolaires en sont d’ailleurs négativement impactées.
Quand et à quel rythme faut-il consulter ?
Environ 30 % des troubles visuels de l’enfant ont une origine génétique. Cela suppose que si l’un des parents ou les deux présentent un défaut visuel important (strabisme, myopie…), la probabilité que l’enfant en hérite est élevée. N’attendez donc pas que des symptômes se manifestent avant de consulter.
Un suivi doit être débuté dès le 2e mois de naissance afin de prévenir tout risque et prendre en charge rapidement toute maladie oculaire débutante. Les enfants aux antécédents familiaux strabiques doivent bénéficier d’une vérification de la réfraction avant 12 mois. Il faut également prêter attention aux enfants ayant subi une souffrance fœtale, néonatale ou nés prématurément. Ce sont des enfants à risque de développer un trouble visuel.
Dès un an, même en absence de tout défaut visuel évident, un rendez-vous ophtalmologique doit être pris pour évaluer la qualité de la vue et le développement normal de leur vision. Lorsque l’un ou l’autre des symptômes précédemment énumérés sont présents, il est important de consulter un ophtalmologiste. Pour finir, avant l’entrée à l’école, une visite systématique doit être effectuée afin d’examiner la vue de l’enfant et lui donner toutes ses chances de réussir.