La prolifération des écrans dans notre quotidien pose de sérieux défis aux parents cherchant à encadrer le temps d’exposition de leurs enfants. Quel équilibre trouver pour éviter les dérives et encourager un développement sain ?
L’impact des écrans sur le développement des enfants
Chez les jeunes enfants, les écrans se sont installés sans véritable barrière. Selon Santé publique France, les statistiques sont alarmantes : un enfant passe en moyenne 56 minutes devant un écran à 2 ans, 1h20 à 3 ans et demi et 1h34 à 5 ans et demi. Pourtant, les conséquences peuvent être significatives. L’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique et le Haut Conseil de la Santé Publique déconseillent fermement l’usage des écrans pour les moins de trois ans. Une recommandation justifiée par plusieurs raisons.
Durant la petite enfance, l’interaction humaine est cruciale pour développer les cinq sens et stimuler l’éveil. Or, le visionnage prolongé de dessins animés ne favorise guère cette interaction. « Le cerveau d’un enfant avant 3 ans ne comprend pas ce qu’il se passe sur l’écran. Son cerveau n’est pas encore capable de mettre du sens dans ce qu’il voit. Si ce n’est dangereux, c’est surtout que ça n’a aucun intérêt. C’est du temps de perdu pour l’enfant, dans son apprentissage », prévient Thomas Rohmer, fondateur de l’Observatoire de la Parentalité & de l’Éducation Numérique (OPEN).
Conséquences physiologiques et psychologiques
L’exposition précoce aux écrans entraîne également des risques physiologiques. L’INSERM a démontré que les enfants exposés aux écrans dès l’âge de deux ans présentent un poids supérieur à la moyenne à cinq ans. Ce phénomène s’explique par un manque d’activité physique combiné à une tendance accrue au grignotage. En outre, il existe également un risque de retard dans l’apprentissage du langage et de difficultés de concentration. Selon Santé publique France, les enfants placés devant des écrans chaque matin avant l’école sont trois fois plus à risque de développer des troubles primaires du langage. Lorsque les parents discutent rarement, voire jamais, du contenu des écrans avec leurs enfants, ce risque est multiplié par six.
Engloutir du temps devant les écrans empiète sur des activités essentielles telles que le sport, les jeux, et les interactions sociales. Ces activités sont cruciales pour se socialiser et apprendre des valeurs fondamentales.
Contextualisation et encadrement
En croissant, les enfants continuent d’accumuler les impacts négatifs de cette exposition. Cependant, Thomas Rohmer souligne une nuance importante : « Les écrans, c’est souvent l’arbre qui cache la forêt. » En effet, selon une étude de l’INSERM, le contexte dans lequel les enfants utilisent les écrans est un facteur critique à considérer. Ce n’est pas seulement le temps passé à regarder un écran qui pose problème, mais également la manière dont ce temps est intégré dans la vie quotidienne de l’enfant.
Il est indispensable pour les parents d’instaurer un cadre structuré autour de l’utilisation des écrans. Une approche proactive implique de fixer des limites claires sur la durée d’utilisation et de privilégier des contenus éducatifs et interactifs qui stimulent l’apprentissage et la créativité. Il est aussi crucial de promouvoir des alternatives enrichissantes comme les activités en plein air, les jeux de société, et les moments de lecture partagés.
Stratégies pour réduire le temps d’écran
Mettre en place de nouvelles habitudes demande du temps et de la persistance. Voici quelques stratégies que les parents peuvent adopter pour limiter l’exposition aux écrans :
1. Établir des zones sans écran : Délimitez des espaces à la maison où les écrans sont interdits, comme la chambre à coucher ou la salle à manger.
1. Créer un planning : Définissez des moments spécifiques de la journée où l’utilisation des écrans est autorisée, et respectez ces horaires de manière rigoureuse.
1. Participer activement : Engagez-vous dans l’expérience médiatique de votre enfant en regardant les programmes avec eux et en discutant ensemble du contenu.
1. Encourager d’autres activités : Proposez des alternatives attractives comme des activités créatives, des sorties en plein air ou des moments de jeux en famille.
La clé réside dans un équilibre entre l’utilisation des écrans et d’autres activités tout aussi enrichissantes. En ajustant leurs approches, les parents peuvent minimiser les effets néfastes des écrans tout en maximisant les opportunités d’apprentissage et d’interaction. Le défi des parents modernes n’est pas d’éliminer totalement les écrans, mais de trouver un usage raisonné et maîtrisé.
Face à l’omniprésence des écrans dans notre quotidien, quels choix ferez-vous pour le bien-être et le développement de vos enfants ?