Face à une pression sociale croissante, les formes d’« hyperparentalité » se multiplient, soulevant des problématiques pour l’épanouissement des enfants.
L’hyper-parentalité : une tendance en expansion
L’hyper-parentalité est une tendance née aux États-Unis dans les années 1990 et a gagné en popularité en Europe. Le docteur en psychopédagogie Bruno Humbeeck, également spécialiste en pédagogie familiale et scolaire, explique que ce phénomène n’est ni une pathologie ni un défaut, mais une manifestation excessive de préoccupation parentale. Selon lui, la quête du bonheur absolu pour son enfant est illusoire, car cet état n’est pas permanent et personne, ni parent ni enfant, n’est parfait. Une émission diffusée en 2023 sur France Inter a abordé cette problématique, soulignant l’origine contemporaine de cette tendance.
La pression sociale et la quête de perfection
Aujourd’hui, les parents sont soumis à une pression sociale intense pour exceller dans leur rôle. Florence Beuken, éducatrice spécialisée et thérapeute familiale, souligne que la parentalité est souvent perçue comme un accomplissement ultime d’une relation de couple, ce qui incite les parents à vouloir être les meilleurs. Les parents modernes ont accès à une multitude de ressources, de la littérature spécialisée aux conseils sur les réseaux sociaux, qui leur dictent comment optimiser le développement de leur enfant.
Pourtant, cette quête incessante de perfection est vaine car l’enfant idéal n’existe pas. Le désir de faire toujours mieux peut mener à une hyper-parentalité, où les parents sont constamment dans le contrôle et l’anticipation des besoins de leurs enfants, les privant ainsi d’autonomie et de résilience.
Les différentes formes d’hyper-parentalité
Florence Beuken identifie trois types principaux d’hyper-parentalité, chacun ayant des implications négatives spécifiques :
– **Les parents « hélicoptères »** : Ces parents surveillent constamment leurs enfants pour garantir leur sécurité et éviter tout incident. Leur hypercontrôle et hyperprotection limitent l’apprentissage de l’autonomie chez l’enfant. « Le risque est que l’enfant n’a pas confiance en lui et croit qu’il n’est pas capable de gérer certaines situations », explique Beuken.
– **Les parents « drones »** : Ceux-ci cherchent à éviter toute frustration à leurs enfants en anticipant leurs besoins en permanence. Cette attitude empêche l’enfant d’apprendre à patienter et à répondre à ses propres besoins. L’éducatrice indique que cela conduit à une incapacité à gérer la frustration et les émotions négatives.
– **Les parents « curling »** : Ces parents tentent d’éliminer tous les obstacles que leur enfant pourrait rencontrer. Beuken avertit que l’absence d’expériences difficiles pendant l’enfance peut rendre les défis de l’âge adulte plus compliqués à gérer.
Prendre du recul et trouver un équilibre
Pour éviter de tomber dans les pièges de l’hyper-parentalité, Florence Beuken recommande aux parents de « se lâcher la grappe », c’est-à-dire d’accepter qu’ils ne seront jamais parfaits, même s’ils font de leur mieux. Elle encourage aussi à faire appel à son propre bon sens et à sa sensibilité plutôt que de suivre aveuglément des théories ou des modèles extérieurs.
Beuken insiste sur l’importance de ne pas laisser les réseaux sociaux influencer la parentalité. Les images véhiculées sont souvent idéalisées et ne reflètent pas la réalité quotidienne. Elle invite les parents à cesser de se comparer aux autres et à se concentrer sur les besoins réels de leurs enfants.
Finalement, il s’agit de trouver un équilibre entre l’écoute des besoins de l’enfant et l’instauration d’un cadre sécurisant. Il faut éviter de se mettre une pression excessive et cesser de se culpabiliser en tant que parents. Beuken conclut sur une note rassurante : « Ce n’est pas parce qu’on est un peu stressé pour ses enfants que ce sera catastrophique pour eux à l’âge adulte. » Quelle part d’influence l’environnement social exerce-t-il sur notre style parental, et jusqu’où devrions-nous aller pour forger notre propre chemin dans l’éducation de nos enfants ?