Tout en étant largement adoptée pour le bien-être des nouveau-nés, l’ostéopathie pour bébés soulève un certain nombre de questions et atténue les limites réglementaires imposées à ce domaine. Une attention particulière est accordée à ceux qui prétendent traiter le « syndrome de KISS », un état non reconnu médicalement.
L’ostéopathie pour bébés en France
En 2021, la France a enregistré plus de 25 000 ostéopathes, ce qui en fait le pays avec le plus grand nombre d’ostéopathes par habitant. Parmi ces praticiens, certains se spécialisent dans le traitement des bébés, utilisant des méthodes apparemment douces mais non vérifiées comme le « jeu de pédalo » pour calmer les maux de ventre. Les témoignages de parents impressionnés par la relaxation de leur enfant après une séance d’ostéopathie envahissent les réseaux sociaux, augmentant la popularité de cette pratique.
Le syndrome de KISS : un état controversé
De nombreux ostéopathes énumèrent les raisons pour lesquelles un bébé peut être amené à une consultation, allant des otites aux problèmes digestifs en passant par la dysmorphie crânienne. Cependant, certains ostéopathes affirment qu’ils peuvent résoudre un trouble particulier : le « syndrome de KISS », qui serait caractérisé par des pleurs incessants et une posture courbée. L’existence de ce syndrome est régulièrement diffusée sur les réseaux sociaux, renforçant la croyance de certains parents dans l’efficacité de l’intervention ostéopathique pour remédier à ces symptômes.
Des dangers et des spéculations
Il est important de noter que le « syndrome de KISS » n’a jamais été démontré par une étude scientifique, comme l’a confirmé la Société française de pédiatrie. Ce serait une « imposture » basée sur des « symptômes fréquents chez un tout-petit ». De plus, l’ostéopathie pédiatrique n’est pas recommandée par la Haute Autorité de Santé. L’imposture du « syndrome de KISS » peut conduire à des retard de diagnostics réels et graves. Par exemple, Manon, une petite fille de 6 mois dont parents pensaient qu’elle souffrait du « syndrome de KISS », était en fait atteinte d’une maladie génétique rare, une maladie mitochondriale. Le retard dans le diagnostic a été attribué aux séances d’ostéopathie et à la croyance dans le « syndrome de KISS ».
Régulation et recommandations
L’ostéopathie, en France, est réglementée depuis environ vingt ans. Cependant, les ostéopathes ne sont pas officiellement reconnus comme des professionnels de santé et leurs consultations ne sont pas remboursées par la sécurité sociale. Actuellement, l’ostéopathie est discutée dans le cadre des soins pour les déformations crâniennes chez les nourrissons, mais seulement comme complément à la kinésithérapie. La Haute Autorité de Santé affirme qu’il n’y a pas suffisamment de preuves scientifiques pour recommander l’ostéopathie de manière générale. Les syndicats d’ostéopathes sont également cohérents avec cette affirmation, stipulant que l’ostéopathie peut aider pour certaines affections, mais qu’elle reste non recommandée pour d’autres.
Nous constatons donc une certaine contradiction entre la popularité de l’ostéopathie pour bébés et un manque de reconnaissance et de recommandation au niveau officiel. Ces divergences sont-elles le signe d’une évolution des mentalités ou d’un besoin urgent de régulation plus stricte ?