Depuis toujours sacralisé, le rôle des pères au sein de la famille fait l’objet d’un débat renouvelé, notamment après les récentes propositions d’Emmanuel Macron. Les suggestions du président suscitent des réactions vives et soulèvent des questions au sujet de la perception de la place des pères au coeur de la vie familiale.
Réactions à l’annonce du président
Édouard Durand, ex-juge des enfants, Nadia Daam, auteure et productrice, et Serge Hefez, psychiatre psychanalyste, réagissent devant la proposition d’Emmanuel Macron d’instaurer un « devoir de visite » pour les pères dans les familles monoparentales. La note du président a particulièrement heurté les spécialistes, notamment Nadia Daam, qui la qualifie de « fausse bonne idée » dans une entrevue pour le magazine Elle. Pour elle, le choix du magazine féminin pour l’annonce de cette proposition laisse entendre que la parentalité est principalement l’affaire des femmes.
Le retour de la « nostalgie de la puissance paternelle »
L’inquiétude réside également dans l’absence de prise en compte des transformations actuelles de la famille. Comme le souligne Serge Hefez, la société est passée à l’autorité parentale conjointe, et les propos du président semblent insinuer que le manque d’autorité résulte de l’absence de pères. Pour Édouard Durand, ce genre de discours renforce « la nostalgie de la puissance paternelle ».
La réalité des familles monoparentales
Les experts critiquent également le manque de réalisme de la proposition du président. Nadia Daam fait remarquer que la réalité des enfants qui vivent dans des familles monoparentales est souvent plus complexe que ce que laisse entendre le discours officiel. « Comment expliquer à un enfant qu’il doit voir son père alors que ce dernier ne souhaite pas le voir ? », questionne-t-elle. Elle insiste sur le fait qu’il ne faut pas nécessairement un père et une mère, mais bien du soin et de l’attention pour l’enfant.
Redéfinir le rôle des pères
Pour Serge Hefez, il serait préférable de rétablir un dispositif global qui permette de redonner aux pères la place qu’ils méritent, sans toutefois les stigmatiser. Un père absent n’est pas nécessairement plus préjudiciable pour l’enfant qu’un père présent malgré lui. Il suggère d’aider les pères à s’impliquer davantage dans la vie de leur enfant.
La sacralisation du rôle paternel
Selon Édouard Durand, la place des pères a toujours été stable et sacralisée au sein de la famille. Pour lui, le véritable changement réside dans l’accès des mères à l’autorité parentale depuis les années 1970. Il évoque quatre situations familiales typiques : l’entente, l’absence, le conflit et la violence.
Vers une remise en question du modèle parental ?
Face aux différents défis familiaux d’aujourd’hui, tant Édouard Durand que Nadia Daam suggèrent de repenser la notion de parentalité et de revoir les critères de ce qui constitue un « bon » parent. Certains parents peuvent en effet faire preuve de négligence, que l’on peut considérer comme une forme de violence. Durand rappelle que la loi existe déjà pour éloigner les pères violents et préserver la famille de toute violence.
Face aux profondes transformations de la famille, comment envisager le rôle et la place des pères de façon concrète et réaliste, tout en respectant les droits et le bien-être des enfants ?